Du remède viking à la science moderne : L’huile de poisson sous un nouveau jour?
- Biohacking France
- 18 févr.
- 5 min de lecture

L’huile de poisson est un supplément bien connu chez les anciennes générations: malgré son goût, l'huile de foie de morue était monnaie courante pendant l'enfance de nos grands parents pour leur fournir une protection optimale durant l'hiver via sa richesse en vitamine A et D.
Cependant son utilisation est bien plus ancienne.
Cela provient d’une tradition qui date du temps des vikings au 8ème siècle.
Ces derniers se servaient de cette huile de poisson comme combustible pour leurs lampes mais également comme aliment et médicament pour lutter contre les douleurs musculaires et articulaires. En France, jusque dans les années 60, l’huile de foie de morue était encore utilisée comme fortifiant chez les enfants, notamment ceux atteint de rachitisme.
Aujourd’hui les huiles de poisson en complément ne sont plus uniquement tirées de la morue mais également d’autre poissons comme la truite, le thon, le maquereau, le saumon, la sardine etc…
L’intérêt le plus évident de l’huile de poisson se trouve dans sa richesse en graisse polyinsaturées (oméga-3 et oméga-6) ainsi que sa teneur en vitamine D qui s’avère extrêmement bénéfique pour la santé.
Cependant existe t'il d'autres bénéfices moins connus pour la santé?
Peut on se passer d’huile de poisson si notre consommation de poisson est déjà élevée ? Les deux se valent ils ?
C’est ce que nous allons voir aujourd’hui.
Omega-3, EPA/DHA et génétique :
Comme dit précédemment, la principale richesse de l’huile de poisson provient de sa richesse en Oméga 3, bénéfique pour toutes les couches de la population.
Parmi ces omégas 3, on retrouve l’acide eicosapentaénoïque (EPA) et l’acide docosahexaénoïque (DHA) qui doivent impérativement être consommés dans un régime alimentaire car ils ne sont pas synthétisés par le corps humain en quantité suffisante.
Bien que l’on retrouve également de la vitamine D et A dans l’huile de poisson, les bénéfices semblent venir principalement de ce mélange EPA / DHA.
Mais quels sont leurs bénéfices et leurs modes de fonctionnement exactement ?
Tout d’abord une dose élevée de ce mélange EPA /DHA modifie l’expression de 1040 gènes dont beaucoup d’entre eux sont anti-inflammatoires. Parmi ces gènes bon nombre d'entre eux sont également lié au métabolisme, à la santé cardiovasculaire et à la fonction cérébrale.
Voici également en détail l'impact de EPA/DHA sur l'organisme:
Activation des PPAR (Récepteurs Activés par les Proliférateurs de Peroxysomes)
L'EPA et le DHA, en se liants aux récepteurs PPAR-α, PPAR-γ et PPAR-δ permettent de réguler les gènes impliqués dans le métabolisme des graisses, la sensibilité à l'insuline et l'inflammation.
Inhibition du NF-κB (Facteur Nucléaire Kappa B)
Ces omégas-3 bloquent le NF-κB, qui active des gènes pro-inflammatoires comme TNF-α, IL-6 et IL-1β. Cela permet de réduire l'inflammation.
Suppression du SREBP-1 (Protéine de Régulation Stérique 1)
L'EPA et le DHA réduisent l'expression de SREBP-1, diminuant ainsi la synthèse des lipides et aidant à prévenir les maladies comme la stéatose hépatique (foie gras non alcoolique).
Modifications Épigénétiques (Méthylation de l'ADN & Acétylation des Histones)
Les omégas-3 modifient l'expression des gènes via l'épigénétique, influençant ainsi les processus liés au vieillissement, aux fonctions cognitives et aux maladies chroniques.
Augmentation du BDNF (Facteur Neurotrophique Dérivé du Cerveau)
Le DHA stimule l'expression du BDNF, favorisant la neuroplasticité, l'apprentissage et la mémoire.
Oméga 3, bébé et grossesse:
La consommation d’huile de poisson pendant la grossesse de la mère prévient le risque d’éclampsie, la prématurité, la dépression périnatale…
Chez le nourrisson, elle améliore le développement neurologique ainsi que son quotient intellectuel. Une faible consommation d’huile de poisson est notamment liée à un plus faible QI chez l’enfant. C’est pour ces raisons qu’une dose minimum de 250mg est recommandé aux femmes enceintes et allaitante.
Sources:https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(07)60277-3/abstract https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19289957/ https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23426033/
Omégas 3, maladies cérébrales et performances cognitives:
Les omégas 3 peuvent également réduire de 50% les risques de développer la maladie d’Alzheimer ou du moins la retarder. Ils ont également un rôle à jouer contre la dépression majeur et d’autre troubles psychologiques.
Chez des sujets sains, les omégas 3 permettent une amélioration des capacités cognitives dont la mémoire, l’apprentissage et l’irrigation du cerveau.
En ce sens ils peuvent être considéré comme faisant partie de la famille des nootropes.
Oméga 3 et santé cardiaque :
On observe également une réduction de 25% du risque de crise cardiaque et ceux même chez les sujets ayant déjà souffert d’une crise cardiaque auparavant. De plus la consommation d’huile de poisson permet de réduire le rythme cardiaque chez ceux atteint tachycardie.
Sources:https://time.com/5450535/omega-3-fish-oil-heart-attack/ https://www.ahajournals.org/doi/full/10.1161/CIRCULATIONAHA.105.556886
Compter sur sa consommation de poisson pour avoir un taux de EPA/DHA suffisant?
Il serait tentant de ne compter que sur sa consommation de poisson pour obtenir un taux de EPA/DHA suffisant cependant cela n’est quasiment jamais suffisant.
En effet les effets réellement cardioprotecteurs de l’huile de poisson ne sont constatés qu’au-delà d’une certaine dose (4gr par jour) qu’il est difficile d’obtenir via une consommation de poisson, encore moins quotidienne.
De plus la présence de mercure dans bon nombre de poisson rend sa consommation, lorsque celle-ci est excessive, dangereuse au long terme.
En effet les poissons ingèrent du mercure lorsqu’ils se nourrissent et bien que cela ne pose pas de problème en soi car le mercure est un composé naturel de la roche et de l’eau, l’activité humaine à fait grimper sa concentration par 450%.
Sous sa forme naturelle, le mercure est en soi peu nocif car les organismes peuvent s’en débarrasser facilement.
Mais certaines bactéries peuvent convertir ce mercure en méthylmercure.
C’est ce dernier qui se stocke en grande quantité dans les tissus des plus gros poissons et qui se retrouve dans notre organisme à la fin.
Tous les effets du méthylmercure chez l’adulte ne sont pas encore bien connu mais on sait déjà que les risques cardiaques augmentent en parallèle du taux de mercure ingéré.
De plus il est fortement déconseillé aux femmes enceintes ainsi qu’aux nourrissons de consommer des poissons riches en mercure, cela pouvant impacter le développement neurologique de l’enfant.
On a également trouvé des niveaux plus élevés de mercure chez les enfants autistes indiquant une probable corrélation entre les deux.
On peut cependant limiter les risques en se concentrant sur les plus petits poissons et crustacés qui possèderont moins de méthylmercure pour leur taille: anchois, merlu, maquereau, crabe, truite...
Sources : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5295325/ https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0946672X16300931
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