Pourquoi l’alcool est l'ennemi de la musculation ?
- Biohacking France
- 27 déc. 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 févr.

L’affirmation que l’alcool est néfaste pour la croissance musculaire ne devrait pas surprendre grand monde parmi les enthousiastes du fitness et de la musculation. Cependant les mécanismes derrière cet effet sont moins connus. Observons aujourd’hui l’impact de l’ethanol sur le corps humain et plus précisément son impact sur la musculation.
L’ethanol est le composant principal que l’on retrouve dans toutes les boissons alcoolisés. Sa formule moléculaire est C2H5OH, c'est à dire qu'il contient 2 atomes de carbones, 6 atomes d'hydrogènes et un atome d'oxygène.
C’est l’une des plus ancienne drogue récréative via son effet psychotrope. Mais que ce passe t’il lorsque notre organisme y fait face après l’avoir ingéré?
Ethanol et stress oxydatif:
Tout d’abord, l’ethanol est perçu par le corps comme un poison. En tant que tel, l’ethanol mène sans surprise à beaucoup de dysfonctionnement dans l’organisme.
Tout d’abord on observe une apparition d’espèce réactive à l’oxygène (ROS) généré dans les mitochondries des cellules.
Ces ROS entraine alors un stress oxydatif.
L’alcool entraine également une réduction des antioxydants nécessaire pour lutter contre ces ROS.
Les espèces réactives à l'oxygènes sont notamment responsables des maladies du foie lié à une surconsommation d’alcool.
Le stress oxydatif généré par l'ethanol serait la principale raisons des effets délétères de l'alcool sur l'hypertrophie.
Ethanol et MTOR:
Abordons à présent plus directement l'impact de l'alcool sur la musculation.
En réponse au stress oxydatif, le corps inhibe MTOR et se tourne vers le processus d’autophagie via l’activation de la protéine AMPK.
Antagoniste à cette dernière, MTOR est une enzyme régulant la prolifération cellulaire, la croissance cellulaire… C’est l’enzyme la plus importante pour le processus d’hypertrophie et elle est en lien avec d’autres hormones anaboliques telles que l’IGF1 par exemple.
Pour un pratiquant de culturisme, il est donc crucial de maintenir élevée MTOR via une diète riche en protéine et un entrainement intense. Cependant ses efforts peuvent être réduit à zéro après avoir consommer trop d’ethanol. Une simple exposition spontanée inhibe la synthèse protéique pendant environ 12 heures.
Pour être plus précis il existe en réalité deux types de MTOR: MTOR1 et MTOR2.
L’ethanol semble inhiber davantage MTOR1 qui est plus associé à la synthèse des protéines.
L’inhibition de MTOR1 entraine également l’inhibition de S6K1. Cette dernière est une protéine ribosomique dont le rôle est crucial dans la prise de force.
En effet S6k1 possède un rôle important dans la synthèse des protéines dans les muscles ainsi que du développement des fibres musculaires de types 2. Ce sont ces fibres qui possèdent le plus de potentiel d’hypertrophie.
L’ethanol est donc néfaste pour ceux ayant un but d’hypertrophie mais également pour ceux recherchant la force physique.
Ethanol et hormone corticotrope:
L’hormone corticotrope est une hormone polypeptidique sécrétée par l’hypophyse.
Cette hormone, lorsqu’elle est stimulée par l’ethanol, entraine une réaction en chaine qui fait augmenter les taux de cortisol (hormone du stress, catabolique) et d’aldostérone (cette dernière pouvant mener à une forte pression artérielle).
Ethanol et hormones gonadotrophine:
Les hormones gonadotrophines sont un groupe d’hormones agissant sur les gonades, c’est à dire sur les appareils reproductifs.
Parmi ces hormones on retrouve l’hormone lutéine (LH) et l’hormone follicule-stimulante (FSH) qui sont responsable respectivement de la production de testostérone et de spermatozoide chez l’homme et de l'ovulation et des menstruations chez la femme.
L’ethanol inhibe la libération de la LH et de la FSH directement au niveau de l’hypothalamus ce qui impacte la testostérone et donc la croissance musculaire.
Étonnamment l’ethanol peut causer une augmentation de la testostérone chez la femme car l’alcool agirait sur l’androstenedione via les glandes surrénales.
C’est une des pistes expliquant l’hyperandrogénie chez les femmes consommant trop d’alcool: acné, peau grasse, hirsutisme, pilosité excessive…
Une seconde différence existe entre les hommes et les femmes dans l’impact qu’à l’ethanol sur l’organisme:
L’étude suivante s’est attardée sur l’effet de la consommation d’ethanol après exercice. L'effort physique augmentant MTOR1, le but de cette étude était de savoir si l'ethanol supprimerait cette augmentation.
De façon assez surprenante l’ethanol n’a pas inhibé MTOR1 chez les femmes alors que l’inverse s’est produit chez les hommes.
Sources:
Ethanol et longévité:
Comments